Quelque part dans le no man’s land de la frontière du pont King Hussein (pour les Jordaniens) / Allenby (pour les Israéliens) / Al Karameh (pour les Palestiniens) entre la Jordanie, Israël et le pays imaginaire de Palestine.
Tout est affaire de noms…
Cette frontière par voie terrestre, enjambant le Jourdain, fleuve mythique séparant la Transjordanie (ou Jordanie, à l’est de la rivière) de la Cisjordanie (à l’ouest), est un peu particulière.
Les Jordaniens, en paix avec Israël (les seuls de la région avec les Égyptiens), considèrent néanmoins que la Cisjordanie (les Territoires occupés pour les Palestiniens, la Judée-Samarie pour les Israéliens) fait historiquement partie de la Jordanie, sans en revendiquer pour autant la possession (qu’il faudrait alors disputer à la fois aux Israéliens et aux Palestiniens).
De ce fait, les Jordaniens ne délivrent pas de visa à cet endroit, afin d’éviter une reconnaissance de facto de ce qu’il s’agit d’une frontière et que la Cisjordanie ne leur appartient pas.
Ils perçoivent une taxe de sortie du territoire néanmoins…
De l’autre côté du fleuve, la frontière est administrée conjointement par les Israéliens et les Palestiniens.
Mais les contrôles sont effectués par les autorités israéliennes seules.
En pratique :
- vous arrivez au poste-frontière jordanien ;
- vous vous acquittez de la taxe ;
- vous donnez votre passeport ;
- vous attendez une demi-heure si vous avez de la chance ;
- on vous rend votre passeport ;
- on vous fait monter dans un van ;
- on vous fait payer pour le van ;
- le van roule 4 km dans le no man’s land ;
- vous descendez du van ;
- vous vous retrouvez au poste-frontière israélien avec de très jeunes gens d’allure cool (ils font leur service militaire, ils ont entre 18 et 21 ans), la plupart en civil, se promenant avec des M16 ou des fusils d’assaut Tavor (classe les Tavor, je dis ça pour mes nombreux amis Facebook amateurs de flingues, allez donc voir sur Google Images) ;
- un Israélien d’origine éthiopienne à l’air revêche scrute votre passeport ;
- il vous pose des tas de questions ;
- puis soudain, excédé, vous donne un formulaire à remplir, et vous dit de vous asseoir ;
- vous attendez une demi-heure si vous avez de la chance ;
- puis une fille avec de longs cheveux bouclés et de jolis seins, l’air indifférent, arrive, vous rend votre passeport, personne n’ayant lu le formulaire que vous avez tant peiné à remplir.
Et voilà ! Vous êtes en Israël, vous pouvez reprendre votre souffle…