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Flâneries indiscrètes dans un vaste monde

Brève histoire de la République de Chine

Jincheng, Kinmen, République imaginaire de Chine.

Kinmen (ou Jinmen, ou Quemoy, c’est selon) est le point avancé du système de défense de la République imaginaire de Chine contre l’Ennemi, le grand frère de la République « populaire ».

C’est sur cette île qu’eut lieu la dernière bataille entre les forces communistes et les Nationalistes de Tchang Kai Chek.

Pendant 40 ans, Kinmen fut une zone militaire, la majeure partie de la population était composée de soldats, un couvre-feu étant appliqué toutes les nuits.

Le régime de l’île s’est libéralisé il y a quinze ans avec l’établissement d’un statu quo plus apaisé avec le gouvernement continental sous les termes suivants : vous n’essayez pas de déclarer que vous êtes un pays distinct, et on s’abstient de tenter de vous envahir.

Pour autant, on croise toujours des militaires à tous les coins de rue à Kinmen.

République de Chine

Au fait, pourquoi donc « République [imaginaire] de Chine » ?

Eh bien, ce serait une longue histoire, celle de la Chine au XXe siècle, mais le gouvernement communiste de la République populaire de Chine (PRC) à Pékin et celui de Taipei, sur l’île de Taïwan, la République de Chine (ROC), revendiquent TOUS DEUX la souveraineté de l’intégralité du territoire chinois, c’est à dire la Chine continentale, Taïwan et un tas de petites îles comme Kinmen.

Le gouvernement de la République de Chine (ROC, il faut suivre) se considère en exil, un peu comme le Gouvernement provisoire du Général de Gaulle à Alger pendant la Seconde guerre mondiale.

Uchronie

Jouons un peu : imaginez donc une France continentale présidée par Jean-Luc Mélenchon, et une Corse peuplée de Parisiens du XVIe arrondissement et de Neuilléens exilés, les populations autochtones de l’île de Beauté ayant été dépossédées et repoussées dans les maquis, cette Corse-là étant dirigée depuis Bastia par Nicolas Sarkozy.

Imaginez ensuite que la France de Paris et celle de Bastia revendiquent toutes deux l’Hexagone, la Corse, les Antilles, la Réunion, la Guyane et tutti quanti, et vous aurez une idée approximative de la situation.

Perspectives

Certains à Taipei voudraient donc couper les liens historiques avec le continent, en proclamant une République de Taïwan distincte, ne réclamant plus la possession de la Chine continentale, mais Pékin menace d’un débarquement si une tentative était faite en ce sens.

Vous pensez bien que cette menace influe sacrément sur la politique intérieure de Taïwan.

En fait, le gouvernement de Chine populaire espère bien remettre un jour la main sur Taïwan, tout comme il l’a fait pour Hong Kong et Macao.

Ils ne sont pas pressés, ils savent que le temps joue pour eux, ils tissent donc des liens toujours plus étroits avec Taïwan, essentiellement commerciaux, ou en achetant des entreprises ou des terrains.

Imaginaire ?

Et donc, pourquoi « imaginaire » ?

D’abord parce que le gouvernement de la ROC dirige tout à fait virtuellement la Chine continentale (il y a même des représentants au parlement pour les territoires que Taipei ne contrôle pas), et ensuite parce que la République de Chine n’est pas reconnue internationalement comme un pays indépendant.

Il faut dire qu’il est difficile de contrarier un état de 1,5 milliard d’habitants qui possède un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. La France, par exemple, ignore l’existence de la ROC. Il n’y a pas d’ambassade de France officielle à Taipei, mais une « représentation culturelle ».

Sur cette place, au centre de Jincheng, la « capitale » de l’île de Kinmen, vous pouvez admirer un magnifique bronze représentant Tchang Kai Chek, le premier dirigeant de la République de Chine.

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