Libre voyageur

Flâneries indiscrètes dans un vaste monde

Danaé, enfin !

Madrid, Royaume d’Espagne.

Danaé par Titien, au Musée du Prado.

Du fait de son succès, le maître a peint cinq versions de ce tableau. En plus de celle-ci, les autres sont à Londres, Saint-Pétersbourg, Naples et Vienne.

La composition représente le mythe grec de Danaé, enfermée par son père, Acrisios, le roi d’Argos, à cause d’un oracle prédisant qu’il mourrait de la main de son petit-fils. Quelle idée !

Zeus, toujours en quête d’une plaisante aventure, se transforma en pluie d’or pour atteindre en son donjon la belle Danaé. Celle-ci en conçoit Persée, le héros vainqueur de la gorgone Méduse, et qui tuera plus tard son grand-père par accident (participant à des jeux à Larissa, il envoie son disque dans les dents d’Acrisios qui y assistait par hasard), afin que la prophétie soit accomplie.

L’image de Danaé était utilisée comme un symbole de la corruption due à l’argent, susceptible de souiller la beauté et la vertu. C’était évidemment aussi le prétexte à la représentation de la beauté lascive.

Tout dans ce tableau évoque les jeux d’Éros : les cuisses entrouvertes de Danaé, sa chair offerte, sa jambe relevée, sa main gauche sur son sexe, la main droite caressant l’étoffe de son drap, ses lèvres ourlées et gonflées par le désir. Le petit chien même était symbole de luxure, accompagnant souvent les portraits de courtisanes, et la hideur de la servante sert à merveille le dessein de mettre en valeur la beauté de la jeune femme qui se donne à son divin visiteur.

Une anecdote à ce propos : ce tableau m’a accompagné depuis l’adolescence, j’en ai possédé des reproductions, l’ai utilisé en fond d’écran, et il y a quelques années, de passage à Madrid pour y voir un cousin mien, un peu globe-trotter et parfois insaisissable, j’étais allé au Prado en sa compagnie, et connaissant son peu d’appétit pour les musées, nous nous étions accordés sur le principe d’une visite éclair avec pour seul objectif de voir la Danaé.

Nous voilà donc courant dans les galeries à la recherche de la fameuse peinture, en vain.

Et puis, voilà que j’aperçois un petit cartel où il est écrit que le tableau du Titien est prêté au Louvre…

Bien sûr, une fois revenu à Paris, Danaé était repartie à Madrid…

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