Manaus, capitale de l’État d’Amazonas, Brésil.
J’aperçois une affiche défraîchie annonçant un cinéma de quartier. Je m’approche et découvre pour toute entrée une rampe de garage.
Nous descendons : il s’agit en fait d’un cinéma pornographique, les photos des films projetés ne laissent aucun doute.
Le caissier/projectionniste/homme à tout faire, un garçon d’une trentaine d’années, rond, jovial et manifestement gay, nous invite à entrer pour explorer son domaine, vide à cette heure encore matinale.
D’abord, une salle de cinéma avec quelques rangées de sièges à l’ancienne, une cinquantaine tout au plus. Sur le côté droit, un écriteau indique une « dark room » où les spectateurs ont loisir de s’aventurer. L’odeur qui règne ici, un mélange de sperme, de bois et de cuir, est évocatrice.
La programmation des films est à contenu hétérosexuel, mais les pratiques des clients sont plus certainement homophiles, au moins par opportunité, les femmes se faisant certainement rares en ces lieux.
L’homme est ravi de nous guider dans son monde. Il nous mène à la « sala VIP », une pièce plus petite avec des boxes peints en noir où l’on peut s’asseoir pour commodément pratiquer une fellation.
La vidéo, ouvertement homosexuelle cette fois, passant sur le petit écran qui domine l’endroit, semble d’ailleurs y inviter les clients avec une ferveur non dissimulée.
Le garçon nous raccompagne, il sourit de toutes ses dents, prenant assurément plaisir à son singulier sacerdoce.
Nous le rencontrerons un peu plus tard alors qu’il vient de fermer son cinéma et qu’il attend sous un auvent avec les derniers clients que la pluie passe. Il nous saluera avec entrain comme si nous étions de vieux amis.
Cet épisode m’a rappelé « La chatte à deux têtes », un film de Jacques Nolot. À voir. Vraiment.