San Francisco, Californie, États-Unis d’Amérique.
Manifestation « Families belong together » (les familles doivent être ensemble) devant l’hôtel de ville de San Francisco.
Ces slogans faciles que l’on peut utiliser comme des hashtags, imprimer à l’envie, et répéter à tue-tête, ont l’inconvénient de masquer une part importante de la réalité. « Families belong together », ce pourrait tout aussi bien être un slogan de la droite américaine : les gens de la même famille doivent rester proches les uns des autres, même si la pression sociale est forte, même si les individus ont des envies d’indépendance, même si pour certains la famille est synonyme de souffrance, c’est là la règle des sociétés conservatrices. Et, concernant les immigrés clandestins, si les familles doivent rester ensemble, alors elles doivent être toutes expulsés ensemble.
Et puis, ce mot de « belong » qui n’a pas d’équivalent en français, et qui signifie « s’appartenir l’un l’autre », « être faits l’un pour l’autre », d’une manière magique, par ordre divin, sans qu’il soit possible d’en contester l’évidence, voilà tout sauf un manifeste de liberté.
Alors choisir « Families belong together », c’est un choix de communication douteux, élaboré sans doute dans la perspective d’étendre la portée du mouvement aux milieux conservateurs, en occultant le vrai problème : le fait que l’on criminalise, que l’on enferme des gens simplement parce qu’ils ne sont pas nés au bon endroit.
Et cette ambition fédératrice est un échec, puisqu’il suffit de voir qui participe à la manifestation à San Francisco : des latino-américains, des gays en cuir, des lesbiennes tatouées, des hippies, des jeunes, des militants de gauche, le public ordinaire de ce genre d’événement, et pas un seul électeur républicain, assurément.
Bon, il y avait quelques jolies filles, et certaines pancartes écrites avec esprit. « Trump / San Francisco. There is only one thing we have in common: famous orange structures ».