San Francisco, Californie, États-Unis d’Amérique.
La nuit à San Francisco est un pays de cauchemar, peuplé de zombies et de goules errantes.
Sous chaque porche, devant chaque vitrine, dans les quartiers d’affaires, sous les enseignes chic des boutiques françaises, sont des multitudes de corps allongés, fragiles et monstrueux, emmitouflés contre le froid humide, évanouis, abandonnés.
D’autres veillent, mais leurs yeux hallucinés ne voient plus du monde des vivants que le bout ardent des cigarettes et le néon hostile des convenience stores grillagés.
Le matin venu, fuyant la lumière, ils disparaissent du centre cossu, cèdent leur place aux touristes joyeux, aux commerçants prospères.
Certains n’ayant pas pu trouver refuge hantent de jour les quartiers blafards. Affublés d’improbables haillons, ils constituent un peuple hagard et vaguement menaçant. Leurs silhouettes tendues par des poisons qui brûlent les nerfs les font ressembler aux damnés du septième cercle de l’Enfer.