Cracovie, Pologne.
Sur les remparts du Château du Wawel, il faut payer son écot pour emprunter l’escalier descendant jusqu’à l’antre du dragon.
Ainsi, on raconte qu’autrefois sévissait dans la région un dragon dont l’appétit vorace ne pouvait être apaisé que par l’abandon d’une jeune fille devant la grotte qui lui servait de demeure.
Nul ne sait ce qu’il faisait de la jeune fille (j’en ai une petite idée), mais il lui en fallait une nouvelle tous les mois.
L’affaire dura tant et si bien qu’il n’y eut plus de vierge à sacrifier (on devait bien les consommer autrement parce qu’à raison de douze par an, il n’y avait pas risque de dépeuplement) que la fille du roi Krakus, Wanda.
Le bon roi, qui n’avait pas pipé mot quand les donzelles de son pays se faisaient décimer, s’émut soudain.
Il promit sa fille à qui occirait la male bête. Tous les chevaliers du royaume s’y cassèrent les dents et finirent en méchoui.
Mais un apprenti cordonnier, condition modeste s’il en fut, eut l’idée de farcir un agneau avec du soufre et de le donner en sacrifice au dragon.
L’animal, probablement myope, ou peu regardant, prit l’offrande, la mangea, et en conçut d’abominables maux d’estomac. Pour soulager ses brûlures gastriques, il but toute l’eau de la Vistule, et gonfla, gonfla, jusques en crever.
Le petit cordonnier épousa la princesse, et ils vécurent dès lors tous deux heureux ensemble…
Je ne sais qui a inventé cette histoire sans tête ni queue (hors celle du dragon), mais je vois bien qui en tire profit aujourd’hui.